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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 21:32

Le réseau de parenté étendue des Lespinay, XVe-XVIe s. (4)


 

Les La Rivière

 

              Il n’y a pas de certitude quant à la filiation, au XVe siècle, de Jean IV de Lespinay par rapport à son grand-père Jean II. Il a fallu procéder par recoupements et preuves indirectes. Nous savons ainsi que Guillemette de Lespinay, fille certaine de Jean II de Lespinay et de Guillemette du Guiniou, épouse vers 1430 un sieur de La Rivière (est-ce celui de Plessé ?). Leur fille Geoffriote partage en 1465 avec Jean III de Lespinay, juste avant le décès de celui-ci, ce qui en fait aussi un descendant de Jean II et de Guillemette, très probablement le frère de Guillemette de Lespinay, épouse La Rivière. Ce partage signifie-t-il que Geoffriote est seule héritière de sa mère, à défaut de frère, ou bien reçoit-elle la part de biens roturiers dévolue au cadet ou à la fille en présence de fils, en droit coutumier breton ? On pourrait supposer valablement que Guillemette de Lespinay n’a pas eu de fils. Dans ce cas, qui sont les La Rivière (Pierre et Jean) que les auteurs rattachent aux Lespinay soit parce qu’ils ont été commis de Jean IV le trésorier soit parce qu’ils ont repris des offices tenus auparavant par des Lespinay ?

              En 1482, lors d’un échange d’héritages situés « en la ville de Rouzet », nous apprenons que Jean IV est héritier de Jean de Lespinay son père, mais le nom de sa mère n’est pas mentionné. C’est parce qu’il partage les terres du Guiniou en 1500 avec Renée de Lespinay, épouse de Jean Spadine et fille de Jean III et de Brience Pinart, dans la maison à Nantes de Marie de Lespinay, veuve de Pierre Guyolle, que nous déduisons que Jean, Renée et Marie sont frères et sœurs, enfants de Jean III et de Brience, qui vient de décéder, et descendants de Guillemette du Guiniou. Ce partage permet aussi d’établir qu’Henriette de Lespinay est sœur de Jean IV (voir plus loin le dossier Spadine).

               En outre cette filiation, reconstruite faute d’actes d’état civil grâce aux alliances prouvées de deux filles Lespinay avec un La Rivière et un Spadine, concorde avec deux généalogies faites sur titres (disparus) en 1639 et vers 1665.

               En ce qui concerne les La Rivière, la reconstruction généalogique est plus difficile encore. Il n’y a pas de filiation prouvée entre Macé de La Rivière, receveur du Gâvre en 1407, Yves de La Rivière cité par la Marquise de Lespinay et Pierre de La Rivière, sieur de La Rivière à Plessé, et receveur du Gâvre en 1503. On ne sait donc si Guillemette de Lespinay a épousé un La Rivière de Plessé, de Dol, de Rennes ou d’ailleurs. En effet, il existe en Bretagne (et ailleurs) plusieurs familles nobles « La Rivière ». En particulier, un Jean de La Rivière, époux de Jamette Brillet, est chancelier du duc Pierre de Dreux, président de la Chambre des comptes de 1442 à 1448, mais ses biens sont à Rennes et à Dol dans les années 1450 ; il n’a qu’un enfant : Robert de La Rivière, évêque de Rennes, qui meurt jeune en 1450. Il appartient semble-t-il à la puissante famille des La Rivière d’Auverné, près de Châteaubriant. Un Eon de La Rivière, cité par Dom Lobineau, serait de cette même famille. Un Yves de La Rivière, cité par la marquise de Lespinay (in Jehan de Lespinay…, 1937, p.39), pourrait être de la famille du mari de Guillemette de Lespinay, mais sans aucune certitude.

               Dans un document de 1500, un Pierre de La Rivière est dit sieur de La Rivière à Plessé : c’est lui qui sera nommé receveur du Gâvre en 1503 par Jean IV de Lespinay. Le seul lieu de La Rivière à Plessé est une métairie noble, située près du village de Saint-Clair, rachetée plus tard par les Lespinay (avant l’aveu de 1661). Lorsque la Marquise de Lespinay affirme (in Jehan de Lespinay…, 1937, p.39) que les La Rivière ont plusieurs alliances avec les Lespinay, elle n’en apporte pas les preuves indispensables, non retrouvées pour le moment…

               Ce qui lie Macé de La Rivière et les autres La Rivière « de Plessé », c’est qu’ils sont tous à un moment donné receveurs du Gâvre, Macé ayant été le premier connu (1407-1408), nommé directement par le Duc de Bretagne, le domaine du Gâvre étant une châtellenie ducale. Grâce de nouveau aux travaux de thèse des historiens Jean Kerhervé (1986) et Dominique Le Page (1995), nous pouvons essayer de reconstituer la généalogie des La Rivière « de Plessé », mais sans certitude de parenté avec les Lespinay. Pour le moment, les liens entre ces deux familles ne s’expliquent que par leur appartenance à une même communauté paroissiale.




Les La Rivière receveurs du Gâvre




Macé de La Rivière (1408)              Jean II de Lespinay

         ?                                                    │

         │                            ┌─────────┴─────┐

N. de La Rivière     =    Guillemette                Jean III de Lespinay

Sr de La Rivière           de Lespinay                       (ca.1410-1465)

         ?                  │                                                   │

                      Geoffriote                              Jean IV de Lespinay

         ?         de La Rivière                             (ca.1448-1524)

         │                                                                       │

Pierre de La Rivière (1503)                             Jean V de Lespinay

         │                                                                  (1475-1517)

         │                                                                       │

Jean de la Rivière (+1552)                           Guillaume de Lespinay

= Françoise de La Chasse                                     (1501-1545)

         ├───────────────┐

René de La Rivière     François de La Rivière

     (1525)                           (1550)
 


                Pierre de La Rivière est commis par Jean IV de Lespinay de 1503 à 1511 pour la recette du Gâvre. Son fils Jean de La Rivière, receveur du Gâvre de 1511 à 1524, devient en 1524 secrétaire à la Chambre des comptes de Nantes après Guillaume de Lespinay qui résigne sa charge à son profit ; il le reste jusqu’à sa mort fin 1552. René de La Rivière est receveur du Gâvre en 1525, à la suite de la résignation en sa faveur de Jean de La Rivière son père. François, frère de René de La Rivière, est aussi receveur du Gâvre de 1550 à 1552.

                Françoise de La Chasse, épouse de Jean de La Rivière, est-elle une sœur de Gillette de La Chasse, qui épouse le 22 juin 1520 Gilles de Becdelièvre (cf. « réseau » Robellot) ? Autre coïncidence possible, Françoise de Becdelièvre, fille de Pierre Becdelièvre (+ 1504, qui fut trésorier de Bretagne) et de Jeanne Bourgneuf (cf. aussi « réseau » Robellot), est l’épouse de Guyon Brillet ; celui-ci est un parent probable de Jamette Brillet (décédée en 1459), épouse de Jean de la Rivière, chancelier du duc, qui est d’une autre famille que celle de Plessé. Cette Françoise est nièce « par alliance » de Bertranne Robellot, femme de Jean IV de Lespinay. Mais ces liens de « parenté », plutôt distendus, peuvent-ils expliquer la carrière de Jean IV de Lespinay et ses relations avec les La Rivière ? Cela paraît peu probable. L’alliance de Pierre de La Rivière n’est pas connue. Nous n’avons donc pas d’autres informations sur la parentèle des La Rivière de Plessé de 1407 à 1552.

               On peut « imaginer », comme l’ont fait certains historiens, que ces La Rivière sont des descendants de Guillemette de Lespinay, mais cela paraît peu probable puisque Geoffriote de la Rivière, héritière de sa mère Guillemette de Lespinay, intervient seule dans le partage des biens de Jean II de Lespinay et de Guillemette du Guiniou. L’explication est donc à chercher ailleurs, soit dans une parenté étendue, pour le moment introuvable ou difficile à cerner, soit dans la solidarité d’une même appartenance paroissiale.

 
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commentaires

L
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> en consultant un ouvrage en ligne / le site de Gallica (BNF) intitulé "les Artistes nantais", un nommé Jean de la Chasse est cité page 282 comme peintre verrier et enlumineur du duc François II,<br /> en 1444, et anobli par ce prince. Pierre de la Chasse, également enlumineur (semble son fils) à Nantes pourrait bien être l'époux de Raoulette Picart dont la fille supposée Françoise de la Chasse<br /> épousa Jean de la Rivière.<br /> <br /> <br /> Cordialement. L.CHAUVIN<br />
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