Etat des nouvelles découvertes sur les Lespinay/L’Espinay de Plessé
1400-1600
(au 1er janvier 2010)
Nous mentionnerons pour mémoire les découvertes incessantes de Serge de L’Espinay qui, chaque mois ou presque, ajoute quelques dizaines – parfois quelques centaines – de noms à la cohorte des descendants de la famille Lespinay/L’Espinay. Il n’y a pas assez de place ici pour faire un état de ses découvertes.
Il nous est plus facile de montrer par quelques exemples les avancées obtenues, pour la période 1400-1600, depuis les travaux de Léon Maître (1891)[1], d’A. Daigre (1908) et de Marie-Thérèse Benoist d’Azy, veuve de Zénobe de Lespinay (1937).
Les connaissances ont progressé de deux façons : par une relecture des sources connues, parfois mal lues et mal transcrites, et par l’utilisation de sources non encore exploitées. Nous nous intéresserons principalement au cas de Samson de Lespinay puis à quelques données relatives à la proche parenté de Jean IV de Lespinay, trésorier général de Bretagne jusqu’à sa mort en 1524.
Les auteurs antérieurs aux années 1980 pensaient que les Lespinay de Plessé avaient racheté la seigneurie de leurs ancêtres à la fin du XVe siècle et qu’un dénommé Samson de Lespinay (alias L’Espinay ou d’Espinay) était l’un des héritiers des anciens seigneurs de Lespinay, avec la dame de Saint-Marsault.
Le cas de Samson de Lespinay
1. Jean V de Lespinay a épousé en secondes noces, début 1514, Anne, alias Agnès, de Saint-Marsault, en présence de son frère Samson de Saint-Marsault. Celle-ci, veuve de Jean du Chaffault en 1512, avait eu de son précédent mariage 6 filles.
2. Le contrat de mariage de Pierre de Lespinay en 1563 avec Eléonore du Perreau précise que Samson de Lespinay (appelé aussi d’Espinay de même que Pierre) est le demi-frère des filles du Chaffault, ce qui en fait bien le fils d’Anne de Saint-Marsault et l’oncle de Pierre à la fois par son père et par sa mère. La généalogie Lespinay de René de Bruc (1639) confirme cette parenté.
3. Louis du Perreau, bénéficiaire en 1527 des biens saisis sur Jean IV de Lespinay, est le 3e mari d’Anne de Saint-Marsault, co-tuteur de Samson de Lespinay, né ca.1515 et donc majeur seulement en 1540.
4. A partir de sa majorité, Samson se joint aux procédures de son frère aîné Guillaume pour recouvrer une partie de son héritage, et lui succède dans ces procédures au nom de ses sœurs et avec son neveu Pierre de Lespinay à partir de 1545, année du décès de Guillaume.
Les Du Chaffault
Les Du Perreau
L’étude insuffisante des documents relatifs aux Du Perreau (en particulier aux archives départementales d’Angers) n’avait pas permis aux généalogistes et historiens de voir la place particulière tenue par Anne de Saint-Marsault, veuve de Jean du Chaffault en 1512, puis de Jean V de Lespinay en 1517, qui épouse en troisièmes noces en 1526 un haut personnage de la Cour royale, Louis du Perreau, vassal des Rohan de Blain à cause de sa terre de Castillon en Fay. Lors de ce troisième mariage où Anne de Saint-Marsault apparaît encore comme dame de Lespinay à Plessé, le fils qu’elle a eu de Jean V de Lespinay, Samson (dont son frère Samson de Saint-Marsault est probablement parrain), est âgé de 11 ans et se trouve de fait sous la co-tutelle de Louis du Perreau, mari de sa mère. Un an après ce mariage, en 1527, sur les conseils des Rohan, les biens saisis sur la succession du trésorier Jean IV de Lespinay sont donnés par le roi à ce même Louis du Perreau, sa femme restant ainsi « dame de Lespinay » à travers son troisième époux et son fils Samson étant élevé au sein même du château ancestral.
En 1528, Louis du Perreau prit d’une certaine façon la défense de Guillaume de Lespinay, demi-frère de Samson et gendre de sa femme Anne de Saint-Marsault, poursuivi par la Chambre des Comptes de Nantes, lorsqu’il s’adressa à la Chambre en ces termes : « le roy luy avoit donné charge de dire à Messieurs des comptes qu’il trouvoit estrange que l’on n’avoit fait compter le feu tresorier en son vivant et que en recompense ilz s’acquitent à faire compter l’heritier dudit feu tresorier » (16 février 1528, Arch. L.-A. B 568 f° 69-70). Guillaume fut néanmoins poursuivi jusqu’en 1536, année de la remise définitive de ses comptes.
Quel mélange détonnant cependant. Samson de Lespinay vit sous le propre toit de Louis du Perreau. Guillaume de Lespinay, poursuivi comme représentant des héritiers du trésorier Lespinay, est à la fois le demi-frère de Samson de Lespinay et le gendre d’Anne de Saint-Marsault, femme de Louis du Perreau. La femme de Guillaume, Marie du Chaffault, est aussi la demi-sœur de Samson de Lespinay, demi-frère de Guillaume. Louis du Perreau a reçu du roi en propriété aussi bien les terres ayant appartenu au trésorier que les douaires accordés par les précédents maris de sa femme (dont La Marzelle, Trellières, Pontcorhan) dont une partie porte sur des éléments du patrimoine des Du Chaffault n’ayant pas appartenu au trésorier. Lésée ainsi que ses filles du Chaffault et son fils Lespinay, Anne et ses enfants entament une procédure contre Louis du Perreau. Après le décès d’Anne en 1538, cette procédure est continuée par ses héritiers à la fois contre Louis du Perreau et sa seconde femme qui va conserver par-devers elle les douaires d’Anne de Saint-Marsault dont une partie aurait dû retourner dans le patrimoine successoral Du Chaffault. Il fallut le mariage de Pierre de Lespinay avec la fille de Louis du Perreau en 1563 pour mettre fin aux procédures et obtenir un arrangement entre toutes les parties.
De « nouvelles » sources
Samson de Lespinay
Le cas de Jeanne du Chaffault, demi-sœur de Samson de Lespinay
Le cas de Suzanne Pèlerin, femme de Samson de Lespinay
Sans postérité de ce mariage, Samson de Lespinay a abandonné en 1563 ses droits sur le patrimoine Lespinay à son neveu Pierre, qui a le même âge que lui, à l’occasion de son deuxième mariage avec Eléonore du Perreau.
Les autres collatéraux du trésorier
1. Brience Pinart, veuve de deffunct Jehan de Lespinay (Jean III, mort en 1465), est marraine en 1488 de Françoise Blanchet avec sa petite-fille Jeanne Picart, épouse de Pierre Guyhou et fille d’Henriette de Lespinay, le parrain étant Guillaume de Marbré, futur beau-père de Jean V de Lespinay, autre petit-enfant de Brience. Cet acte de baptême est un raccourci de relations familiales rassemblant trois générations du XVe siècle. De plus, on y retrouve la deuxième génération connue des Lespinay, nous renvoyant au début du XVe siècle puisque Brience Pinart est née vers 1420 et son mari vers 1410.
2. Nous découvrons les noms des enfants et des petits-enfants de Brience Pinart ainsi que de leurs conjoints, et en même temps la politique d’alliances adoptée par le chef de famille : l’aîné épouse une fille de bonne noblesse et les cadets et cadettes épousent des bourgeois ou des petits nobles (il est parfois difficile de discerner leur statut exact) plutôt fortunés ou pourvus d’offices intéressants. Brience a au moins cinq enfants : Renée qui épouse Jean Spadine et dont deux fils épouseront deux cousines germaines ; Henriette qui épouse Jean Picart et dont deux filles épouseront deux des fils de Renée, la cadette Henriette épousant son cousin Jean Guyolle puisque fils probable de Marie de Lespinay ; Marie qui épouse Pierre Guyolle ; Jean IV de Lespinay, le trésorier ; et enfin Guillaume. Une Guillemette (de) Lespinay, épouse de Pierre Avignon, commis de Jean IV, pourrait être une fille du trésorier.
3. En étudiant sur plusieurs générations la descendance des sœurs du trésorier Lespinay, nous voyons que celle-ci s’allie à la bourgeoisie marchande nantaise et à la noblesse administrative de Nantes, de même qu’elle a des liens étroits avec la descendance des sœurs du Chaffault. Les liens sont maintenus et souvent renoués sur plusieurs générations, y compris avec des Lespinay. Ces informations sont de grande importance pour étudier la constitution et l’évolution des milieux sociaux nantais et bretons au XVIe siècle. Il faudra vérifier dans la mesure du possible certaines descendances : nous avons écarté, peut-être à tort, Guillaume Spadine, mais tous les autres Spadine descendent de Renée de Lespinay ; en ce qui concerne les Picart, certains ne descendent pas d’Henriette de Lespinay, mais la présence répétée des mêmes personnes parmi les parrains et marraines de divers baptêmes sont de très fortes présomptions de parenté, en particulier en ligne directe, pour Jeanne, Raoulette, Françoise et Henriette Picart ; il existe enfin une présomption mais pas une certitude que Jean Guyolle, époux d’Henriette Picart, soit fils de Marie de Lespinay. De même, la descendance de François Savary, fils naturel (on disait alors bâtard) de Michel de Carheil, reste à vérifier. L’étude plus détaillée des registres paroissiaux nantais devrait apporter beaucoup d’autres nouveautés…
4. A partir de 1524, plusieurs membres de ces familles alliées (Alain de La Bouexière, Pierre Laurent, Jacques Hubert, François de Trégouët, François de Kermainguy, etc.) auront à gérer le contentieux des comptes du trésorier défunt Jean IV de Lespinay. Malgré leur parenté avec les Lespinay, et le fait qu’on les retrouve ensemble dans les divers baptêmes nantais, ils ne donnent pas l’impression d’avoir fait de cadeaux aux héritiers du trésorier, certains d’entre eux étant en outre créanciers du trésorier et/ou de sa succession.
La seigneurie de Lespinay
Les Du Chaffault
La filiation des derniers Du Chaffault est aujourd’hui confirmée par l’inventaire des archives de la Chambre des comptes de Bretagne, aveux du Chaffault, aujourd’hui accessible sur l’internet (http://archives-inventaires.loire-atlantique.fr/). Ainsi est confirmée la filiation de Jean de Rougé à Jean du Chaffault à travers les aveux de la seigneurie d’« Auvers ou de Plusquellec » (p.609, B 1835, paroisse de Fougeray) possédée par Jean de Rougé sgr. de La Chapelle-Glain du chef de sa femme Philippe de Safré (aveu de 1401), par Jean de Penhoët héritier du précédent par sa femme Marguerite de Rougé (aveu de 1425), par Jean du Pont du chef de sa femme Anne de Penhoët (aveu de 1441), par Geoffroy de St-Martin, chevalier, et Catherine du Pont dame du Chaffault, héritière de sa nièce Marguerite du Pont dame de Plusquellec (aveu de 1499).
Quant aux autres sources, nous avons déjà cité les travaux de Jean Kerhervé et de Dominique Le Page qui nous ont permis de cerner une partie importante des activités professionnelles de Jean III et de Jean IV de Lespinay ainsi que leur rôle dans les dernières années de la Bretagne indépendante.