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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 11:18

Philippe Hamon, « Messieurs des finances », Les grands officiers de finance dans la France de la Renaissance. Paris : Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1999, XXXVII + 506p.


Il s’agit de la publication de la synthèse des éléments prosopographiques rassemblés pour la thèse de Philippe Hamon, publiée en 1996 sous le titre L’argent du roi : les finances sous François Ier. C’est un ouvrage à part entière qui n’est pas un catalogue, contrairement aux prosopographies habituelles, mais l’exploitation pointue et comparative des documents rassemblés sur les grands officiers de finance français du XVIe siècle. Il a tenu compte des travaux de la thèse de Dominique Le Page, publiée en 1997, reprenant une partie de ses propres interprétations, mais remettant en cause certains jugements de valeur dans la thèse antérieure de Kerhervé.


p. 40 : “La Bretagne offre des cas de figure particulièrement diversifiés. (…) Pour Jehan de l’Espinay, un office de maître offre une position d’attente en 1492, après la perte de la recette générale du duché, en attendant 1498 et les retrouvailles avec cette charge comptable. (…) En 1491, L’Espinay vient également d’être démis de son office comptable quand il entre aux comptes.”

[Note 181 : source thèse Le Page, Finances bretonne, p.406-407. Note 182 : id. p.257, 613, 630-631.]

p. 46 : cf. p.45 “La possession légale de l’office ne rend pas toujours compte de l’exercice réel des fonctions. (…) Souvent la précocité  de la détention du titre chez le plus jeune dissimule l’activité conservée par l’aîné.” P. 46 : sur 61 relativement biens connus, 28 grands officiers meurent en charge et 8 prennent leur retraite de leur plein gré. “On peut mourir en fonction à un âge assez élevé, comme (…) Jehan Lespinay, trésorier de Bretagne, vers 70 ans.”

p. 74 : “L’office n’est plus ici simple sinécure, mais un bon moyen pour disposer de relais locaux, dans un système socio-politique connus pour reposer avant tout sur les liens d’homme à homme. Le receveur général Jehan de l’Espinay semble ainsi chercher en Bretagne à contrôler un certain nombre de recette locales.” [Note : Le Page, Finances bretonnes, p. 401-402.]

p. 78 : Archives des grands officiers. “Travaillant chez eux, les officiers conservent leurs papiers à domicile : le receveur général de Bretagne Jehan de l’Espinay garde ses archives dans sa maison du Beausoleil à Nantes (…).” [note : Le Page, Finances bretonnes, p.348]

p. 85 : Le roi et son conseil. “Pour le receveur général de Bretagne Jehan de l’Espinay, souvent à la suite de la reine Anne sous Louis XII, le triangle du pouvoir est le même [que Semblançay : val de Loire, Ile de France, Lyon], auquel s’ajoutent bien sûr Nantes et le duché breton.”

[Note : Le Page, Finances bretonnes, p.36. Blois arrive en tête, loin devant Lyon/Grenoble (six séjours) et surtout Paris (deux séjours)]

p. 94 : Les risques du métier. “La guerre de Bretagne met en péril l’existence du trésorier général Jehan de l’Espinay, en particulier lors du siège de Redon en décembre 1488 [Note : Le Page, Finances bretonnes, p.33 note 149 (Redon)]. Si L’Espinay  évite le pire, la participation active aux opérations militaires est fatale à un certain nombre d’officiers de finance.”

[Cette information, tirée de Le Page (qui cite d’Argentré) est erronée : il n’y a pas eu de siège de Redon en décembre 1488, cette ville n’étant pas fortifiée. Jehan de Lespinay n’est devenu trésorier qu’en avril 1489, et il s’agit en fait du siège de Guérande en mai 1489]

p. 142 : “Les officiers de finance peuvent offrir du crédit. (…) De même Jehan de l’Espinay, trésorier de Bretagne, demande vers 1500 à être « appointé de quelques sommes de deniers à valoir sur son deu du temps précédent le mariage de la Royne [Anne avec Charles VIII] à ce que mieux il puisse entretenir son crédit au service de ladite dame » [Note : B.N. fr.2976 f°53 ; Le Page, Finances bretonnes, p.402]. Le remboursement d’avances antérieures permet alors de nouvelles avances.”

p. 164 : Une suspicion exagérée ? “On dénonce l’incapacité où sont alors les accusés ou leurs héritiers à fournir le justificatif qui s’impose. Cela va parfois jusqu’au paradoxe, ainsi lorsque le petit-fils du receveur général Jehan de l’Espinay est contraint de rendre compte… alors que les papiers de son grand-père sont mis sous scellés. [Note : Le Page, Finances bretonnes, p.348] Pour qui connaît les limites de la conservation des papiers, le fouillis des écritures, les contraintes des successions, mais aussi l’importance de l’oral et le non-respect (même sans fraude) des procédures comptables, rien de surprenant à ce que certaines demandes de la Chambre des comptes, du Conseil ou de la Tour Carrée restent lettres mortes.

[Note 250 : C’est peut-être ce qui explique en partie l’incapacité des descendants des compatbles du duché breton indépendant à justifier, sous François Ier, les comptes du siècle précédent. Une volonté d’apurement très tardive, cinquante ans et plus après les faits, donne une tonalité particulière à la gravité apparente des situations comptables. Il n’y a en effet rien d’étonnant à ce que des justificatifs manquent, d’autant que le règne du duc François II  été, sur la fin, des plus chaotiques. Ces remarques visent à corriger un peu le jugement sévère porté par Kerhervé, État breton, p.852-857. Il est clair cependant que les intéressés n’ont fait auparavant – entre 1490 et 1535 – aucun effort sérieux pour rendre leurs comptes.] [Cette dernière phrase demanderait à être nuancée cas par cas : on sait que Jehan de l’Espinay a rendu normalement ses premiers comptes jusqu’en 1507 (cités par Dom Lobineau et Dom Morice), malgré les guerres et les difficultés de l’époque. Puis il a été, semble-t-il, mis en demeure en 1517 de rendre ses comptes en retard (1508-1515), ce qu’il a fait dans les années qui suivent. Le 13 juillet 1524, 17 jours avant sa mort, il rend ses comptes 1516-1517 avec 7 ans de retard. Ces derniers comptes sont aussi cités par les historiens Dom Lobineau et Dom Morice. Parallèlement, il a rendu les comptes de Jehan son fils aîné, décédé en 1517 avec hoirs en bas-âge, les sauvant « théoriquement » de toutes poursuites, et commencé à rendre les comptes de son fils cadet, mort en 1518 sans hoirs. Sa charge complexe de trésorier général (rendue difficile du fait de la mauvaise cynergie entre officiers et de la concurrence instaurée par le pouvoir royal depuis 1490 entre les responsables des finances ducales), ses responsabilités de conseiller du roi et de la reine, ses nombreux déplacements à travers la Bretagne et la France, l’impossibilité de s’appuyer sur ses deux fils qui précédemment l’assistaient, son grand âge qu’il invoque en 1523 à propos de ses trop nombreux déplacements, tout cela devrait inciter à modérer les jugements portés sur cette fonction particulière. Il ne faudrait pas se cacher derrière les grands officiers financiers pour oublier les responsabilités fortes du pouvoir dans le choix de ses comptables ou leur maintien en poste malgré leur grand âge, probablement du fait de leur « crédit » (des avances qu’ils pouvaient faire sur leur fortune personnelle), l’inorganisation des institutions financières, les pressions constantes pour trouver des ressources nouvelles en particulier pour les guerres d’Italie, les dépenses croissantes y compris les dons dispendieux à l’entourage royal, la captation de ressources bretonnes pour les besoins financiers du royaume, etc. Il faut rappeler que Charles VIII avait mis la Bretagne en coupe réglée lors des guerres franco-bretonnes de la fin du règne du duc François II et du début du règne de la duchesse Anne de Bretagne (1489-1491).]

p. 184 : Officiers de finance en prison. [Note 67. A.N. J 958 n°18. Il est probable que certains voient leur sort progressivement adouci (…). Voir l’exemple du petit-fils de Jehan de l’Espinay en 1532, poursuivi à cause de la gestion de son grand-père : d’abord incarcéré à Nantes, puis mis en résidence chez son beau-frère, sénéchal de la ville, il est finalement autorisé à demeurer chez lui sous la garde d’un huissier de la Chambre des comptes de Bretagne : Le Page, Finances bretonnes, p.404.]

p. 191 : Négociations. [Note 109 : B.N. fr 3873 f°45 ; Dupuy 623 f° 15v°. Autre exemple de protections, celles dont bénéficie Guillaume de l’Espinay (Jean de Châteaubriant et Anne, vicomtesse de Rohan) : Le Page, Finances bretonnes, p.405.]

p. 199 : Les oppositions. “La simple saisie conservatoire des biens de Jehan de L’Espinay, à la mort de celui-ci en 1524, mobilise rapidement les créanciers.” [Note : B.N. Carrés d’Hozier 382 p.341 et 346 v°.]

p. 203 : les dix cas où le roi se retourne contre la gestion d’officiers déjà morts. Note 184 : dont Jehan de l’Espinay.

p. 265 : “Il y a cependant sûrement des créanciers privés parmi ceux qui s’opposent aux criées des biens des victimes des poursuites royales. ”

[Note 204 : Voir chapitre 3, p.199. Pour deux listes de créanciers à la succession de Jehan de l’Espinay, B.N. Carrés d’H. 382 (Lespinay), f°341 et 346v°. La nature de leur « créance » est inconnue.]

“Mais les limites de l’information empêchent sans doute parfois de mettre au jour des situations critiques. Ainsi quand en 1527 le roi fait allusion à deux domaines [Trémar et Lespinay] saisis sur le défunt trésorier de Bretagne Jehan de l’Espinay, il les décrit comme « ypothecquez et obligez de beaucoup plus qu’ilz ne le vallent » [Note : A.D. Loire-Atlantique B 51 f°373]. Mais la charge qui pèse sur eux découle-t-elle de la situation privée de l’Espinay ou a-t-elle un lien avec les finances royales ? [p. 266] Et dans ce dernier cas, est-ce que les terres de l’Espinay servaient à garantir des emprunts ou bien sont-elles simplement victimes des poursuites lancées par la monarchie, qui réclame des comptes au défunt trésorier ?”

p. 271 : “Ainsi la fortune du breton Jehan de L’Espinay fournit-elle probablement un bon exemple de ce qu’est une réussite strictement provinciale. À partir des données disponibles on peut hasarder le chiffre de 60 à 80 000 lt au décès.”

[Note : Le Page, Finances bretonnes, p.234 et 402.]

[L’auteur a confondu la dette officielle d’environ 80.000 livres avec la valeur de la fortune immobilière personnelle du trésorier, qui ne dépassait pas les 30.000 livres, puisqu’Auvers et Lanvaux faisaient partie du patrimoine de la famille du Chaffault et non du sien, contrairement aux affirmations de Kerhervé reprises par Le Page et Hamon, à partir du dossier inexact de l’accusation]

p. 284 : “Au hasard des sources on  découvre également des exploitations nouvelles, ainsi des deux métairies « de nouvelle construction » de Jehan de Lespinay à Plessé (au comté nantais)” (…).

[Note 295 : B.N. Carrés d’H. 382 p.331 ; A.N. J 958 n°15]

p. 304 : Rentabilité du capital. “Certes, celui de 2,3 à 2,4% pour deux seigneuries de Jehan de L’Espinay ne paraît guère représentatif.”

[Note 403 : A.D. loire-Atl., B 51 f°375-376. Il est vrai qu’il s’agit d’un secteur – le nord-ouest du comté nantais – de médiocre prospérité agricole.]

p. 334 : choix géographique des trésoriers de François Ier. Un breton, Jehan de l’Espinay.

p. 339 : “Jehan de L’Espinay et Jehan Parajau, qui se succèdent à la trésorerie et recett egénérale de Bretagne, ont des terres dans la même paroisse du comté nantais : Plessé. Est-ce cette localisation qui a rapproché les familles au 15e siècle, ou bien est-ce au contraire la conséquence d’une alliance antérieure (le grand-père de Parajau ayant épousé en secondes noces Marie de l’Espinay), elle-même liée à des activités financières communes ?”

[Note 105 : Le Page, Finances bretonnes, p.406-410] [Il s’agit du mariage de Marie de l’Espinay, sœur (et non fille) du trésorier Lespinay, avec Pierre Guyolle, qui serait le grand-père de Jean II Parageau. Pierre Guyolle étant un contemporain du trésorier Jean IV de Lespinay, il paraît difficile qu’il soit le grand-père de Jean II Parageau, lui aussi contemporain du trésorier. Est-ce un autre Guyolle ?]

p. 367 : Le versement des rançons par les trésoriers. Note 244 : “Le phénomène ne concerne pas que les hommes de premier plan : Loys de Perreau, seigneur de Castillon, est rançonné plusieurs fois” [à l’occasion des guerres d’Italie] (…). [L’auteur, qui cite deux cas de gentilhommes de la Maison du roi, ne sait pas que ces gentilhommes sont des personnages « importants » pour le roi]

p. 386 : “Jehan de l’Espinay, qui meurt dans son manoir de Plessé le 30 juillet 1524, s’y trouve peut-être pour un bref séjour d’été, assez fréquent depuis longtemps quand la campagne est sûre, et non en raison d’une inflexion nette de son rythme d’existence.” [probablement pour ces deux raisons au vu de son âge et de sa fatigue]

[Note 88 : B.N. Carrés d’H. 382 p.341]

p. 391 : “Plus de 75% des pères sont donc déjà des officiers, dont 68,2% pour le secteur directement financier. ”

[Note 110 : Notons qu’on peut d’ailleurs rattacher à ce monde financier les deux pères indiqués dans le tableau comme « fermiers/financiers ». (…) L’autre père est Jehan Parajau, qui participe, aux côtés de Jehan de L’Espinay, à plusieurs fermes en Bretagne : Kerhervé, État breton, p.158 note 218 et p.650 note 81 ; Le Page, Finances bretonnes, p.406]

p. 396 : “La Mothe a servi Jehan Grolier, Menant, le trésorier L’Espinay, et Laguette, Morelet de Museau.”

p. 424 : “Jehan de l’Espinay, qui vient de se faire confirmer une exemption de fouage pour ses biens nobles sur sa seigneurie de Plessé, obtient également que les habitants du lieu soient dégrevés d’un feu fiscal sur le nombre « en quoi ils sont contributifs ».”

[Note 254 : L’Espinay, Jehan de l’Espinay, p.132 et 135.]

p. 429 : “Pierre de Lespinay, arrière-petit-fils du trésorier de Bretagne Jehan, épouse en 1563 Éléonore du Perreau, héritière de celui-là même qui avait bénéficié sous François Ier du don de la seigneurie éponyme de Lespinay, confisquée après la mort de Jehan. Pierre remet ainsi la main sur cette dernière. ”

[Note 283 : Le Page, Finances bretonnes, p.606]

p. 450 : “Jehan de l’Espinay, pourvu vers avril 1498 : Le Page, Finances bretonnes, p.401 [Note 26 : L’Espinay a été trésorier général de 1489 à 1491, puis remplacé par Thomas Bohier le 23-4-1491. Il s’agit donc en fait d’un rétablissement]. Mort en charge, soit le 29-1-1524 (A.D. Loire-Atlantique B 12838 f°37), soit plus probablement le 30-7-1524 (B.N. Carrés d’Hozier 382 Lespinay) f° 345v°.” [Note 27 : Il aurait encore présenté un compte le 13 juillet : A.D. Loire-Atlantique B 568 f°12]

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